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Ada Charlie

"Matière noire" d'Ivan Zinberg chez Cosmopolis.


Pour l'introduction de ce "Polar", je ne remercierais pas un éditeur de m'avoir fait parvenir un exemplaire, ni un booktrucmachin, et encore moins une instagrameuse aux longues jambes gainées de grandes chaussettes, allongée langoureusement sur son lit mais je remercierai ma dealeuse de livres préférées :


Ma médiathèque (D'où ma demande d'une certaine tolérance pour l'énorme logo que j'ai dû ajouté sur le code- barre.On ferme la parenthèse).


A travers différents critiques sur différentes plateformes, j'ai relevé ces mots : Haletant, technique, crédible, immersif...donc je retourne à la médiathèque pour emprunter (sur place) un dictionnaire des synonymes.





Il s'agit ici de mon style de lecture : "un polar"pur jus : un Vrai qui rejoint mes lebel(s), Norek(s), Saussey(s)...que du lourd. La touche française que j'affectionne.


Cette lecture n'a pas été une lecture anodine, ce livre m'a accompagnée sur un moment de ma vie, et il a été une porte de secours, de part la maitrise de l'écriture et sa syntaxe (voilà pourquoi je lis et n'écris pas) et son histoire.


Pas "d'alambigage" à la Jacques Saussey ( Alambigage : action d'embrouiller grave le lecteur. CF "le dictionnaire Ada") :


Inès, petite future délinquante : disparait sur le parking d'une boite de nuit.

Marion, joggeuse émérite, disparait sur le chemin d'une boite de nuit (voir mordibus plus tard).


Une fugue et une disparition pour deux enquêteurs : Karim, chef de la bac, flirtant avec les limites et Jacques, ancien flic, journaliste du scandale et du crapuleux.


Un meurtre, une disparition : deux enquêteurs dans deux domaines différents et les chapitres qui s'enchaineront jusqu'à la rencontre. Ce roman n'a pas été addictif pour moi, j'ai pu le poser et justement reprendre la lecture pour en faire une lecture immersif. J'avais envie d'écrire : "comme on lit un livre de poésie" mais je me sens incapable d'expliquer cette phrase.


Ou plutôt si, ce roman est un livre "technique" comme peut l'être un recueil de Dickinson (Emily, i Love You), il y a une maitrise des descriptions, tout comme les vers d'un poème répondent à des règles( qui d'ailleurs n'en sont pas) : Les scènes de crime sont décrites sans effusion de sordide, d'hectolitre de sang. La réflexion des deux protagonistes naît d'indices et non de spéculations.


Arrêtons là cette digression.


Pas de suspens, pas de violence (autre que celle liée à une réalité de terrain), une enquête écrite à l'ancienne, façon "36 quai des Orfèvres", ancrée dans la réalité de ce siècle, à travers une cartographie sociale de notre réalité : les cités, le bain éducatif des mômes et tout ça sans tomber dans le "pathos" du stéréotype bon marché.


"L’ambiance générale de « Matière Noire » est résolument sombre. Il y est question de meurtres, de disparitions, de détresse sociale, de solitude, de familles en souffrance, de deuil, de perversion, des « monstres du quotidien »


Il est clair que cet opus est un écho à différentes histoires de ces décennies passées. Ce qui en fait un :"Polar actuel" qui ne s'adressera pas uniquement aux lecteurs de policiers mais tout aussi bien aux lecteurs de blanche (la blanche est la littérature, hors romans policiers, fantasy, sciences fiction ...)


J'ai très vite adopté ce Jacques, il cherche, il fait "fonctionner ses petites cellules grises" quand Karim reste (pardonnnnn !) un flic : intuitif fonçant parfois tête baissé pour réfléchir après action. Ce personnage m'a dérangé : son quotidien hors travail qui revient comme un leitmotiv : sport, série télé. dodo. manger. (pas de carte de bibliothèque ?). Un peu de sexe. Je n'ai pas réussi à "dessiner" Karim, dans ma tête.


Avec minutie, Jacques récolte assez d'indices, lui permettant de relier le meurtre de la joggeuse à d'autres meurtres, non élucidés .Ce qui le conduira à rencontrer Karim qui associera la disparition Inès à l'enquête de Jacques (même si c'est plus Jacques qui conduit Karim sur une bonne longueur).


J'ai l'impression qu'il y a eu un Jacques dans la vie de l'auteur.


"Je m’intéresse aux affaires et événements que je vois passer au quotidien dans le cadre de mon boulot de policier. Je ne cherche pas à écrire des histoires 100% réalistes, mais au minimum il me faut une base crédible, qui me rappelle ce que je vois dans la vie"


Les deux enquêteurs finissent par se rencontrer et mettre leurs travaux en commun (SURTOUT le travail de Jacques !!!), ils sont de la même maison, même trempe. Ils savent fonctionner ensemble.


"Je pense que j’aurai de plus en plus de mal à l’avenir à écrire des histoires trop éloignées de la réalité"


Il n'y a rien d'artificiel dans ce livre, c'est cartésien et construit comme devrait l'être un plan de meuble Ikea.


La douloureuse reste pour moi l'épilogue qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe alors que tout le roman avait été construit avec la minutie architecturale d'un puzzle de

2000 pièces. J'entends que si les recherches et enquêtes de Jacques et Karim nous menaient vers un dénouement certains, rien ne pouvait présager le chapitre de fin.


Les petites phrases citées de l'auteur sur son roman, proviennent de cette page : https://gruznamur.com/2019/12/07/interview-1-livre-en-5-questions-matiere-noire-ivan-zinberg/


https://editionscosmopolis.fr/









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