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Ada Charlie

"Carbone et Silicium" Mathieu Boblet. Ankama éditions




271 ans.


L'effondrement de notre société, en toile de narration, pour une épopée dystopique de deux robots, de deux âmes prisonnières de corps : le créateur veut que ses créations lui ressemblent.


Créer à partir d'un algorithme capable d'analyser une masse incroyable de données, Carbone et Silicium ne sont ni des âmes, ni des robots. ils baignent dans le web et ingurgitent le savoir humain. Ils sont le fruit d'un travail. Arracher du monde virtuel : la matrice de leurs conceptions, ils intègrent chacun un corps de robot et évoluent dans un cocon protégé sous les yeux de leur créatrice. Ils ne sont que des prototypes attendus d'une nouvelle génération de robot.


Silicium et Carbone ont envie de réalité, de découvrir la réalité des connaissances qu'ils accumulent. Et c'est une fugue qui les sépare, les forçant à poursuivre, chacun leurs chemins à travers les siècles, sur une planète à bout de souffle, se retrouver pour se séparer à travers le temps : 271 ans.


Je découvre une nouvelle forme de narration, en sortant de ma zone de confort, j'avoue que j'ai été mal à l'aise mais il s'agit, ici, de nouvelles perspectives dans la Science-fiction : l'affront entre humain et robot n'est qu'une vague toile de fond tout comme la fin de notre civilisation qui n'est qu'un fil conducteur. Et c'est encore moins une histoire d'amour, comme j'ai pu le lire dans certaines critiques : Carbone et Silicium sont un algorithme : une création divisée en deux corps.


Raison et pulsion auraient pu être leurs prénoms : si l'un cherche le contact humain, veut comprendre sa place dans ce pourquoi il a été crée, l'autre ne veut que découvrir cette planète dont les connaissances emmagasinées dans sa mémoire, ont bercées sa création.


Il s'agit d'une fable, une fable à la Mad max : si l'homme veut que ces créations lui ressemblent, ses créations font de lui, au fil des siècles, un homme robotisé, prisonnier lui aussi de sa chair quand son esprit peut voyager sur la mer des connaissances via un réseau : une dualité de l'existence. La fin du corps et non de l'âme comme un sujet récurrent, renvoyant sans cesse à ces deux robots qui traversent les époques et témoignent indirectement de la fin de notre société.


Une lente détériorisation de genre humain à travers son corps, et une interrogation sur le devenir humain.


Il y a dans la narration, des pauses. Des planches sur les décors fabuleux que les deux robots découvrent. Un moment contemplatif qui laisse le temps de la réflexion : dissocier l'homme de la planète.


J'ai été assez sensible à ces différents facettes de la terre : des périodes où l'eau disparait laissant place à une période où l'eau recouvre tout.


Carbone et silicium dans ces corps qui les gênent, dont ils se foutent, ne font qu'observer un homme coincé dans sa chair quand la solution est dans le collectif.


Mathieu Boblet : "...Que j''explore aussi à travers cette idée que le monde occidental aurait un devoir d'agir pour transformer la société et sauver la planète, mais qu'il n'y arrive pas en raison d'une pulsion négative qui le pousse à l'inaction...les hommes ont besoin de penser et d'agir collectivement pour sauver ce qui peut l'être, or, pour le moment, ils n'y arrivent pas"....

Ou ils ne le veulent pas ?


Pour en savoir plus :


https://www.bedetheque.com/BD-Carbone-Silicium-400760.html

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