top of page
Ada Charlie

"Chavirer" Lola Lafon


 



Cléo me manque, elle me manque comme m'avait manqué Owen ("Une prière pour Owen" John Irving).


Depuis Cléo, j'ai plus envie de rien : j'ouvre un livre pour le refermer. Le Norek, le Beuglet et le Loevenbruck, je n'y arrive pas. Cleo a eu cinquante ans, et Betty lui a pardonné. Que devient-elle ? Est ce qu'elle danse encore parfois ?


Cleo, j'ai dû la croiser au défié de Jean-Paul Goude, en 1989 ou bien dans le RER A pour aller au centre commercial de Creteil Soleil.


Cleo est une de ces adolescentes que j'étais dans les années 80, comme toi.


En fermant les yeux, je peux la voir Cléo, treize ans dans la cour du Collège : les modes, les groupes, les amitiés et les règles du jeu. Les rêves aussi. C'est à ce moment là, que Cléo et ses rêves de danseuse, rencontre Cathy, la distinguée Cathy, l'élégante Cathy, le reflet de ce Cléo pourrait être si elle avait les manières, le style.


Cathy représente la fondation Galacté qui pourrait lui proposer une bourse pour ses études, Cathy lui ouvre un autre monde, celui du luxe, des cadeaux, des librairies, de ce qu'il faut avoir vu, avoir lu, ce qu'il faut porter : l'éducation du beau que ses parents dans cette banlieue du 94, ne peuvent lui montrer. Devant tout ça, Cleo ne s'aperçoit pas que Cathy est un prédateur : l'un des pires.


C'est en l'introduisant dans un autre monde que Cathy s'efface gentiment, celui des jurys, celui d'hommes adultes qui les emmènent dans de beaux restaurants, leurs parlent avec courtoisie et remontent leurs robes avec l'élégance des manipulateurs.


Chaque chapitre construit le fil de l'histoire à travers une galerie de portraits : Betty, Yonasz, Claude, Lara. Ceux qui ont connu Cléo, ceux qui ont fait parti de son histoire, ceux qui auraient dû et ceux qui auraient pu.


Une construction assez atypique des chapitres : une narration entre hier et aujourd'hui autour d'une Cleo tantôt ado. tantôt adulte : mère, danseuse, amoureuse, militante, cultivée et féministe : les interrogations d'une Cléo sur ceux qui l'entourent, comme la recherche d'une réponse à ce qu'elle a fait.


Et chaque fin de chapitre fut générateur d'un long soupir : encore, encore juste un peu.


Jamais la pédophilie n'est décrite, on la sait comme une trame-drame de fond, on la sait comme fil conducteur mais jamais elle n'est le centre de cette écriture si farouche et si belle.


La fin de ce livre est certainement le début d'une autre histoire : celui de la réconciliation et la compréhension d'une histoire d'adulte dont des enfants n'ont été que les victimes.







10 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentarios


bottom of page