"Grand Silence" de Sandrine Revel et Théa Rojzman chez Glenat
"Le secret de Soro" de Charline Le Maguet chez Bayard jeunesse
J'avoue que je n'étais pas chaude quand ma collègue a décidé d'introduire cette thématique dans notre fonds. Il ne me semblait vraiment pas simple d'aborder ce sujet à travers un album jeunesse et une BD.
Nous avions déjà aborder le cancer avec : "Maman est une pirate", la mort, le genre, toujours à travers des documents respectant les codes de l'album. Mais comment traiter les abus sexuels dans livre ?
Avec " le secret de Soro" nous retrouvons la simplicité d'un trait, presque un chuchotement d'illustration pour laisser agir le dessin, et son message. Deux petites souris Musa et Soro, deux petites souris qui jouent, s'amusent. Jusqu'au jour ou Soro ne joue plus, elle a un secret.
C'est simple mais n'oubliez pas la valeur d'un mot. L'auteur a pris le parti d'aborder la libération par la parole. L'idée est de donner les codes mais aussi de pouvoir trouver une réponse à quelque chose qui cloche. En tant qu'adulte, la lecture n'est pas facile mais j'ai conscience qu'un enfant peut non seulement y trouver des réponses mais aussi du courage.
Il s'agit aussi d'alerter les autres enfants, un peu comme cette histoire du petit chaperon rouge, que les grands ne sont pas les plus forts, et qu'un camarade peut avoir un secret difficile à porter.
La BD "Le grand silence" est une BD beaucoup plus délicate, beaucoup plus difficile puisqu'elle aborde surtout le silence des adultes, des administrations sur des enfants qui appellent au secours. J'ai très envie d'écrire "ce conte" pour adulte qui met en garde sur la facilité de ne pas voir.
Le grand silence est une usine qui avale les cris muets des enfants. Les bulles des enfants qui crient sont vides, toutes blanches.
Le graphisme est puissant, il explore sans brutalité la complaisance de ceux qui se taisent et d'un fléau qu'on préfère ignorer. L'anorexie, l'alcoolisme, la violence sont abordés à travers deux jumeaux qui subiront le viol
Mi onirique, mi fantastique, c'est finalement une ancienne victime qui pourra entendre les cris et qui agira, détruire la machine à silence et redonnera à chacun son histoire. Et là, le jeu des couleurs est sublime : bleu pour les victimes, rouge pour les bourreaux et violet aussi...
Car autre thème abordé avec intelligence et délicatesse : le violé (violet ?) devenu violeur.
Et puisque chacun porte sa couleur, plus besoin de crier, il suffit de regarder.
Un sujet violent abordé avec délicatesse.
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