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  • Ada Charlie

"Shangri-la" de Bablet, Mathieu chez Ankama.





A la lecture de : " Carbone et Silicium", je n'avais qu'une envie : m'immerger encore plus dans l'univers de Mathieu Bablet. Avec "Shangri-la", un opus fascinant, effrayant aussi, violent, labyrintique dont la minutie nous entraine directement dans un "prequel " de "Carbone et Silicium" : la création en 222 planches d'une dystopie fabuleuse et gargantuesque.


Mathieu Bablet, c'est les livres de SF des années 70 que je dévorais dans la bibliothèque de mon père...Philip K.Dick, Isaac Asimov,


Entrainant, addictif, perturbant, j'ai eu pourtant beaucoup de mal avec la typographie utilisée qui a rendu ma lecture difficile ainsi que les personnages qui se ressemblent tous, ce qui rend l'interprétation difficile.


Ce "roman" (?) d'anticipation s'ouvre sur des planches superbes : Pourquoi Scott va-t-il mourir seul, coincé dans un exosquelette, fasciné par la mort d'une étoile ? tout est question de matière.



Un million d'années plus tôt :


Sempiternelle histoire d'une terre devenue invivable et d'une civilisation réduite sur une station spatiale : le USS que gère une multinationale Tianzhu dont le seul souci est de rendre l'homme heureux, en créant des besoins superficiels et inutiles à travers une surconsommation maladive. Matérialiste pour être conforme, consommateur en se foutant de l'origine du produit. La création d'une dépendance (Iphone ?) est une forme de contrôle sur les esprits et leurs directions mais tout le monde semble satisfait, et suit le projet projet de terraformation sur une lointaine planète Titan.


"Surconsommation : variable achat"




"L'apparition des hommes sur terre est une sorte d'impossibilité statistique à l'échelle de l'univers"


Scott poursuit des missions pour la multinationale et refuge de vivre autrement que par les directive que Tianzhu donne. Il enquête sans s'interroger, et donne pleinement satisfaction. Son frère Virgile, Nova et Aîcha n'ont pas les mêmes buts, ils se sentent manipulés, n'ont pas de réponse à de nombreuses interrogations et veulent avoir le choix. D'autant plus que la multinationale s'inquiète du travail de ses équipes de scientifique et charge Scott d'enquêter.


Résumons : une race sera créer pour habiter la colonie, l'homme joue avec le feu : matière et anti-matière, une résistance s'organise (oui quand tu mets des hommes dans une boite de conserve : ça pète) mai surtout la terre est viable et ce, depuis longtemps.


Cela devient rapidement un peu brouillon et volontairement "embrouillant", un peu comme tous ces mouvements dont on ne sait plus ni le comment, ni le pourquoi au bout d'un moment. C'est le bordel et ça pète. Scott et Virgile n'ont qu'une idée, empêcher les scientifiques de faire sauter la station et la Terre. Les scènes d'action sont à couper le souffle comme une cascade de Tom Cruise dans un Mission impossible. C'est palpable, c'est stressant.


C'est l'histoire de l'histoire dans l'Histoire : la résistance veut la place des dirigeants, la population veut aller sur cette Titan, terraformée, et cette terre qui est viable ?


Et c'est dans la violence que le final s'impose. Un petit aparté sur cette planche où dans leurs fuites, Scott et Virgile découvrent une aile condamnée contenant des "choses" qu'ils ne savent nommer : il s'agit des collections de musée. Et j'ai pris en pleine tête, cette résonance avec la place de la culture dans notre société : offre un place de foot et le peuple s'insulte dans les gradins, se défoulent de leurs servitudes de la journée





. Et là, encore, on retrouve des similitudes avec des passages de "1984" de Georges Orwell :

"La dictature s'épanouit sur le terreau de l'ignorance" ou encore "En dehors du travail, tout sera interdit..marcher dans les rues, se distraire, chanter, danser".





Une critique violente, sanglante qui se traduit aussi, dans la précision des dessins et qui ne fait pas de cadeaux : presque un pamphlet sur le monde du travail, les valeurs matérialistes, le contrôle de nos vies, et le non sens du travail scientifique.




J'ai aimé la fin comme un ras le bol : "continuez à jouer au con". Je me demande si Mathieu Bablet ne serait pas un visionnaire ?



Pour en savoir plus :


https://www.bdgest.com/preview-3010-BD-carbone-silicium-recit-complet.html?_ga=2.204526483.2053383497.1640786413-647902771.1630683224

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